dimanche 24 avril 2011

"Danser doit s'ancrer ailleurs que dans la technique pure et les chemins balisés. La technique est importante, mais elle est un point de départ. Certaines choses peuvent être exprimées par les mots, d'autres à travers le corps. Mais il y a aussi des moments où l'on reste sans voix, complètement perdus et désorientés, sans savoir quoi faire. C'est là que commence la danse, pour des raisons exemptes de toute vanité. Non pas pour démontrer que les danseurs savent faire quelque chose que le spectateur ne sait pas faire, mais pour trouver un langage avec des mots, des images, des mouvements, des atmosphères, qui nous fasse pressentir quelque chose qui existe en nous depuis toujours. C'est une connaissance très précise.
Nos sentiments, ceux que nous partageons tous, sont très précis. En revanche, c'est un processus exessivement difficile à faire émerger. Je sais bien qu'il s'agit de quelque chose qui demande de grandes précautions. Si on traduit ça trop vite en mot, ça peut disparaître ou devenir anecdotique. Pourtant il s'agit d'une connaissance que nous possédons tous et la danse et la musique sont des langages très précis, grâce auxquels il est possible de faire pressentir cette connaissance." Pina Bausch.(In Pina Bausch vous appelle de L. Bentivoglio et F. Carbone. Ed L'Arche. 2007)

mercredi 20 avril 2011

SADE6412(titre provisoire) Création février 2011

SADE6412 (titre provisoire) se jouera le 29 avril à la petite Rockette, 6 rue Saint-Maur, Paris 11 à 21h. Et le 5 et 6 mai au 6B, 6 quai de Seine , 93000 Saint Denis au festival Porno-Gore. Et le 28 et 29 mai à Berlin à l'invitation de Felix Ruckert.

SADE6412(titre provisoire) Création février 2011

SADE6412 (titre provisoire) est un projet, une interrogation sur l’obscénité et sa représentation. Qu’est qui est le plus obscène entre le regard porté sur l’objet et l’objet lui-même? Le butô porte en lui une forte charge émotive, érotique, sexuelle, animale (une « animalité humaine » pour reprendre Georges Bataille). En cela est-il obscène ? En résulte une alternative : s’en saisir, l’embrasser, s’en pénétrer ou s’en détourner, occulter, refuser de voir. Jouer de la réalité et de sa métaphore. Il ne s’agit pas de transgresser mais d’alterner de l’un à l’autre. Mettre à nu et côte à côte l’objet et sa métamorphose, dépouillée ici de tout stéréotype ou de fantasme propre au fétichisme et au sadomasochisme, objet de cette interrogation. Entre sa représentation nue, crue, attendue et de sa réinterprétation. C’est aussi proposer une alternative au spectateur. Ne rien lui imposer pour qu’il puisse de lui-même faire son choix. Entre l’objet scandaleux, dit obscène, et sa métamorphose. C’est pourquoi le danseur est isolé, à l’opposé de l’écran ou se déroule l’objet du délit. Objet auquel le danseur à également participé. En choisissant l’une ou l’autre des propositions le spectateur devient soit pornographe soit chorégraphe.
Denis Sanglard, né en 1964, est comédien et danseur butô. C’est par le théâtre qu’il vient à la danse en s’interrogeant sur la place du corps dans l’espace scénique. En 1998 il franchit le pas. Pour « L’Apprentissage » de Jean-Luc Lagarce il demande à Léone Cats-Baril, danseuse butô et chorégraphe, de se joindre au projet. Il rejoint très vite son cours et depuis travaille régulièrement avec elle. Il intègre « les évadés », collectif de danseurs butô dont les performances interrogent des espaces non dédiés à la danse (hôpitaux psychiatriques, friches industrielles, jardins publics…). La danse butô d’abord intégrée aux mises en scènes l’emporte peu à peu sur le théâtre. Il rencontre Yoshito Ohno, danse avec Pé Vermescht, et suit divers stages suivis de performances avec d’autres danseurs non apparentés au butô, Boris Charmatz, DV8, Toméo Verges. Il approfondit le travail de l’improvisation avec Patricia Kuypers. Avec Mark Tompkins et Gilles Toutevoix il travaille sur la vidéo/danse. Et analyse la construction d’une performance avec Robyn Orlin.
Explorant tout les possibles du corps Denis Sanglard puise dans le fétichisme et le sadomasochisme, matière pour ses dernières performances. Lors d’un travail sur le fétichisme il rencontre la route d’Eric D., vidéo-jockey et vidéaste porno-graphique qui redéfinit le concept des films dits pornographiques en des clips retravaillés à la palette graphique, mixés, destinés au clubbing ou des soirées privées. Ils décident de travailler ensemble, s’interrogeant sur comment filmer la danse butô aujourd’hui, sa diffusion, mais également sur l‘intégration de la vidéo sur la scène qui ne soit pas un gadget mais un élément chorégraphique et scénique. La performance proposée SADE6412 intègre leur commune passion sur le corps en scène et le corps filmé, le fétichisme, le sadomasochisme et leurs représentations possible.

SADE6412(titre provisoire) Création février 2011

SADE6412(titre provisoire) Création février 2011

"Vivre son propre corps veut dire également découvrir sa propre faiblesse, la tragique et impitoyable servitude de ses manques, de son usure, de sa précarité. En outre cela signifie prendre conscience de ses fantasmes qui ne sont rien d'autre que le reflet des mythes créés par la socièté...Le corps (sa gestualité) est une écriture à part entière, un système de signes qui représentent, qui traduisent la recherche infinie de l'autre."
Gina Pane
danser pour se tuer et se retuer sans cesse. Kazuo Ohno

J'explore, je fouille le corps. Je l'éventre. Je me dépouille. Je m'éviscère. Ecorché, je danse avec ma peau. Je danse avec mes organes. Je danse avec mon squelette. Je projette mon coprs dans l'espace. L'espace me traverse. Je deviens l'espace.
Fouailler, interroger la mémoire d'un corps, c'est tenter de retrouver un corps archaïque, primaire, acculturé sous un corps collectif, social et normatif. Etre danseur butoh, c'est traduire le quotidien qui repôse sur des archaïsmes, faire émerger l'inconscient et donner au corps une dimension mythique, une projection de l'humain dans ce qu'il peut avoir de terrible et de tragique.
Le corps devient danse. Il me faut disparaitre, m'effacer. Etre un corps vierge où s'impriment, s'expriment des images contradictoires, des émotions multiples et les obsessions qu'elles génèrent.J'essaie de transformer de manière sensible quelque chose qui surgit de l'inconscient dont la manière première serait une expérience humaine que le corps exude et le terreau inconscient sur lequel elle repose.
Dépasse la forme convenue, compréhensible. Etre dans la sensation, l'émotion, la manière sensible et brute. Rien n'est illustration. Je ne cherche pas à être compréhensible. Je ne cherche pas le mouvement pour le mouvement. Il faut savoir le tuer. Tuer sa danse. La forme qui s'imposera sera juste si le coprs la sent juste aussi grotesque peut elle sembler. L'écartèlement, la tension apparente ne sera que le reflet des tensions internes du corps, ses contradictions, son tumulte. Ces contradictions, ces chutes sont le miroir des contradictions et conflits internes entre le conscient et l'inconscient. Il n'y a plus de stabilité possible. De cette oscillation perpétuelle nait la danse, la métamorphose propre au butoh.